Ang Lee s’essaie au roman qualifié d’inadaptable de Yann Martel, l’Odyssée de Pi… Un projet osé qui nous a rapidement donné l’eau à la bouche. Un acteur inconnu, qui s’est vu attribué le rôle de Pi Patel alors qu’il accompagnait simplement son frère au casting et ne comptait même pas y participer, un réalisateur capable du meilleur (« Le secret de Brokeback Mountain », « Tigre et dragons ») comme du pire (« Hulk »), et une bande annonce pour le moins très alléchante annonçant un joli film de fin d’année. Voilà qui s’annonçait bien tentant. Mais ayant lu l’oeuvre après la projection du film, il est clair que le mot « inadaptable » reste le maître mot de cette incroyable odyssée. Néanmoins, impossible de nier l’effort fait pour rendre cette épopée intéressante…
Tout commence à Pondichéry, partie française de l’Inde. Piscine Patel (nommé Pi comme la lettre grecque très utile en mathématiques) vit avec son papa propriétaire d’un grand parc zoologique. Mais les affaires vont mal et Pi doit déménager. S’ensuit alors un voyage sur un grand bateau avec tous les animaux du parc rangés dans des boîtes. L’on fait la découverte incroyable de Gérard Depardieu en cuisinier (on ne l’attendait vraiment pas là celui-là…). Nous ne le verrons (mal)heureusement pas plus longtemps. Cinq minutes plus tard, une ahurissante tempête éclate en mer et le bateau fait naufrage. Personne ne survit à l’exception de Pi, du tigre Richard Parker qui le fascine depuis sa tendre enfance, d’un vieil orang-outan, d’un zèbre et d’une hyène. Le tout sur une petite barque… Non non, ce n’est pas l’arche de Noé que l’on essaie de reconstituer. Loin de là. Trois minutes plus tard, la hyène dévore le zèbre, puis écartèle le singe avant de se faire engloutir par Richard Parker. Ne reste plus que lui et Pi sur la barque et la longue épopée démarre alors. Une heure et demie sur ce rafiot, entre paysages magnifiques, baleine verte fluorescente qui décide de sauter juste au dessus de la barque, dauphins splendides, île carnivore aux suricates craquants et pluie de poissons volants qui ravitaillera nos voyageurs affamés. Tout ce qui a de plus beau est montré dans la bande annonce, il ne faut donc pas s’attendre à d’autres surprises. L’histoire s’achève de manière bien surprenante et renforce alors l’histoire qui manquait un peu de substance à mon avis…
Tous les ingrédients sont réunis pour faire de ce film un réel chef d’oeuvre. Un jeune acteur inconnu qui s’en sort très bien, une mise en scène en accord avec l’oeuvre de Yann Martel et des paysages vraiment sublimes. Visuellement, impossible de trouver quelque chose à redire parce c’est superbe. Le tigre est magnifique, le travail sur les couleurs est remarquable. Et pour une fois je dois bien l’avouer, la 3D rend le tout vraiment immersif. On s’y croirait et la scène du naufrage est juste stupéfiante. Je tire mon chapeau ! Car moi et la 3D, ce n’était vraiment pas gagné…Tout est donc là mais pourtant, je ne suis pas vraiment rentré dans l’histoire. On en fait pas de trop, cela reste réaliste. L’histoire avec le tigre donne lieu à quelques sourires mais n’est pas tant développée. Il ne se passe pas grand chose sur cette mer et l’on finit un peu par se retrouver seul au monde, nous aussi parmi cet immense océan qui s’étend à perte de vue. C’est peut être volontaire, je ne sais pas. Mais j’ai trouvé le temps long et les quelques scènes magnifiques qui parsèment le film deci-delà ne suffisent pas à mon sens pour me sauver de l’ennui.
L’Odyssée de Pi laisse un arrière goût de déception. L’emballage est magnifique mais le bonbon à l’intérieur peine à épater nos papilles. Cela s’apprécie quand même, donne parfois à sourire, à frissonner. Mais n’embarque pas autant que la bande annonce ne le laissait penser. J’en attendais sans doute trop…
11/20